Rencontre avec Emilie Kieffer et Joris Perez

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Aujourd’hui sur le blog, nous vous proposons de rencontrer l’équipe en charge de l’action culturelle au CCN – Ballet de Lorraine. Elle se compose d’Emilie Kieffer, chargée des relations publiques / action culturelle, et de Joris Perez, artiste référent auprès des publics.  Nous avons donc souhaité en savoir plus sur leurs missions, les publics avec qui ils travaillent et les actions menées. Comme promis, retrouvez la deuxième partie de l’interview à la suite de ce même article ! 

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Pouvez-vous vous présenter ?

Joris Perez : Bonjour, je m’appelle Joris Perez et j’ai 36 ans. Je suis danseur et artiste référent auprès des publics dans le cadre de l’action culturelle. Pour l’anecdote concernant mon poste actuel, et ma mère ne cesse de me le répéter, je n’ai jamais souhaité devenir professeur.

Après mon cursus à La Rochelle d’où je suis originaire, je suis allé au CNSM de Lyon durant un an, puis j’ai intégré la compagnie du Ballet du Rhin pendant quatre ans, ensuite j’ai passé un an au Ballet de l’Opéra de Nice. En 2003, j’ai été engagé au CCN – Ballet de Lorraine, en tant que danseur, jusqu’en 2014. Cette année là, un poste d’Artiste référent à l’action culturelle a été créé à plein temps, chose qui n’existait pas auparavant et qui a permis sur la saison 2014-2015 de mettre en place plus de 170 ateliers pratiques et 60 Parcours Découverte. Mais cela faisait déjà sept ou huit ans que je donnais des ateliers, de manière ponctuelle, en parallèle du métier de danseur. Nous étions plusieurs danseurs à nous en occuper, comme Fabio Dolce, ou Christophe Béranger, par exemple. C’était un poste qui était réparti entre plusieurs personnes.

Tu ne souhaitais pas être professeur, pourquoi as-tu changé d’avis, puisque ton métier consiste désormais à donner des cours et proposer des ateliers ?

Joris : La transition s’est faite doucement entre ces deux métiers. Mais encore maintenant, je dois reconnaître qu’il y a un cours que j’apprécie moins, c’est la classe, celle qui consiste à donner des exercices que les élèves doivent répéter. Je préfère donner du sens au mouvement, aux sensations et à l’expérimentation de chacun. En tant que danseur, je pense que je n’étais pas technique, je préférais donner du sens à ce que je faisais.

En ce qui concerne la transition, je ne voulais pas me fixer une date pour terminer ma carrière de danseur, mais je savais que si une opportunité se créait, je la saisirais. Il faut savoir aussi que vers 33-34 ans, je me suis blessé au genou alors je me suis pris en main. Je me suis renseigné pour racheter un magasin, demandé des conseils pour être agent immobilier, collaborateur dans une agence d’assurances. En définitive, cela ne s’est pas fait mais j’étais vraiment dans une période de transition. Finalement, je suis allé voir la direction du CCN – Ballet de Lorraine pour leur dire que cela m’intéresserait de développer des projets et des ateliers à plein temps comme j’avais pu le faire de manière plus ponctuelle auparavant.

Emilie Kieffer : Je sais qu’on était venu me voir à cette période pour me demander mon avis et si ta proposition pourrait contribuer à porter mes actions. J’ai alors répondu que ce serait clairement très utile.

Joris : Je suis danseur mais l’action culturelle, cela m’est venu petit à petit par l’intermédiaire de chaque action que j’ai développée. Christophe Béranger était vraiment très à l’aise avec cela et demandait à des danseurs de venir l’aider. Son approche m’a inspiré. Il faut dire aussi qu’arrêter de danser, c’est un déchirement. Le fait que j’appartienne encore au CCN – Ballet de Lorraine et que je travaille en lien avec les pièces  de la programmation, c’est vraiment très important.

Emilie, peux-tu te présenter ?

Emilie : Je suis Emilie Kieffer et je suis arrivée au CCN – Ballet de Lorraine en tant que stagiaire aux relations publiques et action culturelle, puis j’ai été recrutée, par le biais d’un CDD, puis d’un CDI au poste de chargée des relations publiques / Action culturelle.

A l’heure actuelle, les choses se dessinent encore. Au début, on prolonge ce qui a déjà été fait et ensuite on personnalise pour s’approprier les actions. Joris et moi sommes en train de créer des nouveaux outils, avec notamment des livrets pédagogiques, des ateliers du regard avec l’appui de supports vidéo.

Avant tout, je souhaitais porter la danse : ce qui m’est permis par le biais de l’action culturelle. Je n’aurais pas pu par exemple être chargée de l’action culturelle ou de la médiation au Théâtre de la Manufacture ou à l’Opéra, parce que je considère ne pas avoir suffisamment d’expériences dans ces disciplines artistiques. J’ai donc beaucoup de chance d’avoir pu intégrer le CCN – Ballet de Lorraine.

Concernant mon parcours, j’ai fait de la danse et c’est pour cela que j’ai à cœur de le partager. Je viens d’une famille qui ne considère pas cela comme un métier, je ne sais d’ailleurs pas trop d’où me vient cette passion. On me disait de faire de la danse comme un hobby, quand j’aurais le temps, que je devais trouver en parallèle un « vrai » travail.  J’étais donc partie pour être professeur de lettres, mais j’ai un point commun avec Joris, c’est que je ne peux pas faire semblant. J’ai besoin de donner du sens à tout ce que je fais. Sinon j’abandonne très vite. Et n’ayant pas une réelle vocation à enseigner les lettres, je me suis tournée vers une école de professeurs de yoga, dans l’idée de conserver une approche en rapport au corps. Cela me correspondait bien. J’ai prolongé cela avec une formation en massages, pour être polyvalente. Mais pour s’insérer professionnellement dans ce milieu à 22 ans, ce n’est pas évident. J’ai donc fait des petits boulots avant de reprendre des études en art et culture. Ce qui m’intéressait, c’est que le master débouchait sur un stage. Finalement je n’ai pas une réelle formation « appliquée », je ne suis pas une chargée de relations publiques pure souche avec comme unique objectif des projets de territoire. Je suis là avant tout pour la danse et je pense que mon poste s’appréhende sur le terrain, qu’il se construit petit à petit et qu’il faut toujours se remettre en question. J’aime aussi beaucoup le rapport avec les gens et la rencontre avec des publics diversifiés. C’est un poste très chouette parce que je suis un peu dans les bureaux, un peu dans les studios et sur le terrain, tout en restant en lien avec la programmation et le projet artistique. C’est un poste qui fait passerelle.

Quelles sont vos missions ? De quelle manière sont-elles complémentaires ?

Emilie : Notre mission générale est de sensibiliser tous les publics à la danse, de rendre cet art accessible à tous. C’est donc de penser et repenser comment on peut aller à la rencontre de tous ces publics, comment renouveler les conditions de rencontre et ne pas cibler toujours les mêmes personnes. Il faut aussi faire en sorte que ce soit en lien avec la programmation, que cela suive la ligne directrice du projet artistique tout en restant attentif à personnaliser le projet en fonction du public, de son propre projet autour de la danse. Généralement, cela se construit au cours de rendez-vous.

Mon poste a officiellement deux volets : l’action culturelle et les « relations publiques ». Cette seconde mission est « beaucoup plus commerciale » et consiste à faire la promotion du CCN – Ballet de Lorraine, pour arriver par exemple à l’achat groupé de places par  les Comités d’Entreprises. Cette mission demande d’être plus à l’extérieur pour prospecter, là où mon travail d’action culturelle me demande d’être très présente ici, pour accueillir les publics. C’est un peu paradoxal.

Pour ce qui est de la complémentarité des nos missions : tout ce qui est relatif à la pratique de la danse, Joris va s’en charger. Mais il ne va pas prendre en charge que les ateliers pratiques. Sur certains rendez-vous, c’est bien qu’il soit présent aussi pour apporter des précisions sur les contenus, la logistique suivant les espaces proposés etc. Le métier vient aussi avec l’expérience, nous n’acceptons plus de faire des choses qui nous semblaient pourtant possibles au départ. Nous privilégions maintenant la qualité à la quantité.

Joris : Nous sommes beaucoup plus exigeants.

Emilie : Je privilégie aussi la proximité avec les gens.

Joris : L’exemple le plus fréquent, c’est avec les classes (surtout les plus jeunes élèves). Si nous faisons un atelier d’une heure avec une classe de 30 élèves, nous passons plus de temps à essayer de capter leur attention.  Il est plus facile finalement de diviser la classe en deux et de proposer un atelier de 30 minutes. Ce sera beaucoup plus efficace ! Nous préférons également accueillir des classes quand les danseurs sont présents au CCN – Ballet de Lorraine, parce que nous partons du principe que ce lieu vit essentiellement pour et par les danseurs et ce temps d’observation est nécessaire pour les visiteurs. Donc quand les danseurs sont absents, nous devons adapter et planifier l’accueil des publics différemment. Encore une fois, nous souhaitons donner du sens à ce que nous faisons et si les danseurs sont absents, pour moi, ce n’est pas possible.

- Suite de l’entretien avec Emilie et Joris -

Quels sont les publics avec lesquels vous travaillez et comment se construit un projet d’action culturelle ?

Emilie : Nous avons des publics scolaires, de la maternelle au lycée, des publics dits empêchés, avec publics en difficultés d’insertion sociale, des handicaps physiques, psychiques ou mentaux, des personnes hospitalisées, incarcérées (bien que ce soit un cas à part). Chaque structure dispose d’un budget pour mettre en œuvre un projet. Cela peut se traduire par des ateliers qui permettront in fine de produire un spectacle, auquel sera conviée toute la structure.  Ensuite, certains établissements ont moins de budget ou c’est la première fois qu’ils envisagent quelque chose avec nous, dans ce cas, on développe un projet plus simple avec une visite, présentation du CCN – Ballet de Lorraine et une venue à une représentation à l’Opéra. Certaines structures prennent aussi simplement un atelier parce que la danse s’inscrit dans un projet qui leur est propre, et elles ont alors besoin d’un regard extérieur et professionnel dans leur approche. Ce qui doit vraiment être pris en considération dans la construction d’un projet, c’est s’il y a une venue à l’un de nos spectacles planifiés; auquel cas le projet se dessinera autour de cet objectif. L’idéal dans ce cas est d’opérer en trois  temps : avant, pendant et après ce spectacle. Certains publics viennent aussi pour une sensibilisation plus « générale » à la danse, ce n’est alors pas construit en fonction de la programmation du CCN – Ballet de Lorraine, cela se fait en fonction de leur propre projet.

IMG_3712Improvisation des danseurs du CCN – Ballet de Lorraine au CHU

Joris : Tous les cas sont particuliers. Des écoles vont prendre deux ou trois ateliers et présenter le spectacle à la kermesse de l’école en fin d’année quand d’autres vont inscrire la danse dans une thématique culturelle sur une journée, avec des visites de musées en amont. C’est une question de motivation des structures, mais aussi une question de budget.

Emilie : En effet, cette année, trois gros projets étaient prévus, avec plus de vingt heures d’atelier pour chacun. Leur mise en œuvre dépendait de demandes de subventions des établissements mais elles ont été refusées. C’est parfois beaucoup de rencontres pour imaginer et organiser des projets qui se voient finalement annulés, faute de moyens. Nous espérons alors pouvoir les reporter à l’année suivante. Mais la question budgétaire est importante. La médiation, c’est un ensemble et c’est un travail d’équipe. Il faut préparer les gens à venir, les accompagner, et assurer un suivi. C’est donc particulièrement agréable de travailler avec des personnes qui sont dans le même état d’esprit.

ballet atelier danse  (8)Certaines actions se passent ici sur place au CCN – Ballet de Lorraine et d’autres se passent hors les murs, pourquoi ?

Joris : C’est essentiellement pour une question de coût. Certaines écoles, par exemple, ne peuvent pas financer le transport en bus jusqu’ici. Bien que souvent, les publics aiment se délocaliser dans notre structure et sortir de leur environnement.  Il y a aussi d’autres ateliers, comme les ateliers du regard, pour lesquels nous n’avons pas besoin de la présence des danseurs et nous allons donc facilement réaliser cela hors les murs. Je donne aussi quelques ateliers en tournée, dans les théâtres par exemple, là où la compagnie est programmée. Ce genre d’ateliers s’adresse alors beaucoup au milieu scolaire et au milieu amateur, parfois au milieu professionnel. Je me rends dans les écoles ou des écoles de danses aux alentours qui ont des contacts avec la structure culturelle. Cela permet de construire des actions.

(Photo : Atelier scolaire avec l’école Montaigu de Laneuveville-devant-Nancy © Maria Richard)

Quels sont les différents outils pédagogiques auxquels vous pouvez avoir recours ?

Emilie : Il y a le livret pédagogique, qui volontairement n’est pas mis sur le site internet, en raison de la nécessité de l’accompagner avec un discours. C’est un livret qui contient des textes mais aussi des illustrations qu’il est intéressant de renouveler régulièrement en ajoutant les photos des dernières créations par exemple. L’idée est de concevoir un livret pour chaque nouvelle saison et de proposer des clés d’approches de notre programmation plus ou moins approfondies pour que chaque enseignant puisse s’y retrouver et y piocher la matière dont il a besoin. Nous avons aussi des supports vidéo. C’est nouveau pour nous. Nous avons créer l’atelier du regard sur les relations musique et danse. C’était en lien avec la programmation LIVE, nous avions eu alors une demande spécifique d’un conservatoire pour un atelier. Maintenant que nous l’avons créé, nous le réutilisons comme un outil de sensibilisation « spécialisé ». Pour l’atelier du regard « culture chorégraphique », un DVD est également en train d’être conçu. Nous avons aussi le film documentaire « Corps à corps » qui a été réalisé par des étudiants de l’IECA sur le programme Paris – New York – Paris. Il permet d’aborder les coulisses de la danse, de recueillir le témoignage de danseurs sur leur vie professionnelle au CCN – Ballet de Lorraine, de découvrir les équipes qui les accompagnent dans la création de spectacles, des studios du CCN – Ballet de Lorraine jusqu’au plateau de l’Opéra national de Lorraine. Nos pratiques et propositions évoluent au fur et à mesure, en fonction de nos observations, des demandes… Nous nous rendons compte de ce qui est mieux pour retenir l’attention et pour susciter l’interaction. J’apprécie de plus en plus le public scolaire. Au départ, le côté très pédagogique me dérangeait un peu. Pour moi, les élèves ne doivent pas rendre compte de ce qu’ils ont « compris », dans le sens d’apprendre. Je préfère qu’ils cherchent à exprimer ce qu’ils ont ressenti, avec quelque chose qui touche plus à l’émotionnel. On ne leur demande pas de savoir quand tel ou tel chorégraphe est né. Le livret pédagogique est un peu de ce ressort pour permettre de contextualiser les oeuvres, mais ensuite, à mon sens, le ressenti reste ce qu’il y a de plus important.

Tout à l’heure, vous évoquiez le public incarcéré. Pouvez-vous présenter ce projet ?

Joris : L’année dernière, nous avons fait une petite réunion d’information à la prison avec des prisonniers qui s’étaient portés volontaires pour y participer. Il y avait une quinzaine d’hommes et de femmes présents. Cela s’est très bien passé, avec beaucoup d’échanges. Nous avons présenté le CCN – Ballet de Lorraine ainsi que quelques pièces. A la suite cette réunion, les personnes intéressées devaient s’inscrire. La responsable de la prison m’a ensuite contacté pour m’informer qu’ils avaient pris le parti de n’ouvrir l’atelier qu’aux femmes. Le projet s’est passé sur deux semaines, pendant cinq ateliers. Je n’ai finalement jamais eu le groupe au complet, mais c’est semble-t-il très courant (formations, autres ateliers, parloirs). Les approches étaient très différentes, certaines étaient contentes de pouvoir s’essayer à la danse. Une femme était heureuse de pouvoir pratiquer, comme elle avait pu le faire quand elle était jeune. Je pense que cela leur faisait plaisir de se lâcher un peu, que ce soit par leur corps ou que ce soit par la parole. Je leur donnais des exercices à faire, mais avec beaucoup de libertés et elles ont parfois pu me répondre qu’elles n’avaient jamais eu de libertés dans leur vie et que cela les effrayait. Alors cela les ramenait à leur vie passée ou actuelle, bien que ce ne soit finalement qu’un exercice de danse. C’était très riche ! Le projet s’est terminé par une présentation d’extraits de pièces du répertoire de la compagnie par les danseurs devant les personnes incarcérées et leurs familles.

Vous faites aussi des actions en lien les personnes malades ?   

Joris : Nous avons beaucoup de partenariats avec le CHU : nous intervenons auprès des enfants en pédopsychiatrie, des personnes diabétiques, des personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer. Nous travaillons aussi avec le Centre Psychothérapeutique de Nancy. Avec ce genre de publics, nous pouvons nous rendre sur place comme ils peuvent venir ici. Avec les personnes diabétiques et les personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer, je dois me rendre sur place.

IMG_3535Improvisation des danseurs du CCN – Ballet de Lorraine au CHU

Quelles sont les difficultés que vous pouvez rencontrer au quotidien ?

Emilie : L’adaptation en soi n’est pas du tout une difficulté. C’est une qualité à avoir nécessairement si l’on veut faire ce métier. Mais c’est vrai que c’est un métier qui demande beaucoup d’énergie dans l’adaptation et qui n’est pas toujours reconnu ou porté par tous pour sa juste valeur.

Joris : Pour moi, ce qui est le plus difficile, c’est plutôt l’organisation ou les amplitudes horaires. C’est un métier où il faut être disponible, notamment les week-ends, ou tard le soir. C’est un investissement personnel mais c’est un métier qui me plait beaucoup et c’est loin d’être un gros point noir, c’est simplement une difficulté à laquelle il faut que je m’adapte aussi.

FullSizeRenderReprésentation du Programme Trisha Brown – Twyla Tharp devant le public scolaire, suivi d’une intervention de deux danseurs pour répondre aux questions des élèves

Quelles sont les qualités requises pour travailler dans l’action culturelle ?

Joris : L’adaptabilité, c’est certain. Mais il faut aussi la motivation et l’envie de faire bien. Si les gens ont envie, tout fonctionne ! Il faut aussi avoir l’envie de transmettre et de faire plaisir. C’est ce que j’exige de moi. Souvent quand je prépare un atelier, je prépare plus qu’il n’en faut. Je me remets aussi en question si cela ne marche pas, j’essaie de trouver une autre solution. Je me motive à faire les choses le mieux possible et si les gens en face de moi sont aussi motivés, c’est une vrai réussite.

Emilie : L’adaptabilité également. Il faut aimer les relations humaines, mais au delà ce cela, il faut aussi aimer ce que tu vas transmettre. Même les jours où j’ai moins l’envie, je sais que je vais parler avec passion de quelque chose qui a du sens pour moi, et cela se passe tout de suite mieux. Je pense vraiment que c’est un travail où il faut être authentique. Dans les métiers de l’action culturelle, c’est important. Du côté administratif, il faut aussi être organisé. Il faut savoir se remettre en question pour faire toujours mieux. J’obtiens de bons retours et je me dis que ce que nous faisons a du sens. Il ne faut pas oublier que l’action culturelle fait partie intégrante de la maison. Sans public, il n’y a pas de spectacles et il faut pouvoir en prendre soin. Alors c’est sûr que le projet artistique fait partie intégrante de nos actions et qu’on doit pouvoir le présenter, mais ce qui est aussi important, c’est de savoir d’où vient notre public. Certains partent de rien, ou avec des clichés en tête. Certains font de la danse mais gardent malgré tout beaucoup d’idées reçues. A partir de cela, il faut pouvoir faire des ponts pour conduire les publics jusqu’au spectacle, les accompagner au mieux.

Interview réalisée le 21 décembre 2015